[singlepic id=796 w=300 h=220 float=left]Le leader français de la pharma vient de découvrir que certains de ses salariés auraient versé des pots de vins sous forme de « subventions de recherche » à 503 médecins de 79 hôpitaux sur les villes de Pékin, Shanghai, Hangzhou et Canton. Selon la presse chinoise, qui rapporte les faits de corruption, le montant des pots de vin versés en 2007 « sous forme de versements en liquide, de cadeaux et dépenses diverses » porterait sur une somme de 207 000 euros. L’affaire ne devrait pas être sans conséquence sur la suite des opérations menées par le groupe dans l’Empire du Milieu.
Après la filiale GSK de Chine (qu’Hervé Gisserot, ex-patron de la filiale France et ex-président du LEEM, va désormais piloter), récemment épinglée pour des faits de corruption en direction de fonctionnaires d’Etat, de sociétés de la branche pharma chinoise, d’hôpitaux et de médecins en vue d’augmenter les ventes de médicaments de la firme, voici cette fois le groupe Sanofi éclaboussé pour des faits relatifs à des « subventions de recherche » sous forme de pots de vin. Aussitôt saisi, le dg de Sanofi, Chris Viehbacher (photo), [singlepic id=795 w=180 h=120 float=right]un ancien de GSK, a fait savoir, début août que des bureaux régionaux du groupe avaient été visités par des enquêteurs, mais qu’il n’y avait pas de raison particulière d’être inquiet. En cause, il y a quelque mois en Algérie pour des pratiques de surfacturations de produits importés, le groupe pharmaceutique français est cette fois éclaboussé sur le marché chinois où il nourrit de réelles ambitions pour l’avenir et où il a déjà installé des usines à Pékin (où il a inauguré en mai 2012 une ligne de fabrication de l’antidiabétique Lantus© (insuline glargine), d’un coût de 90 millions de dollars) et, plus au sud, à Hangzhou, dans la Province de Zhejiang, sans compter les recherches engagées pour y développer ses produits. Une raison pour laquelle Sanofi prend désormais « très sérieusement en compte » les allégations publiées par le journal chinois Century Business Herald, avançant les pratiques illégales de subventions déguisées par ses collaborateurs sur divers villes en Chine.
D’autres laboratoires, rapporte la presse internationale, ont également été visités par les autorités chinoises qui semblent avoir décidé de prendre le problème à bras le corps. Novo Nordisk, AstraZeneca et UCB ont ainsi été cités, dans la foulée des investigations engagées à l’encontre de GSK qui est accusé d’avoir versés des pots de vin à hauteur de 500 millions de dollars. Dernier en date, l’américain Lilly a également été accusé de corrompre les médecins en leur ayant versé 4,9 millions de dollars pour qu’ils prescrivent des antidiabétiques. Le suisse Novartis a rejoint le club des corrupteurs présumés pour avoir arrosé des médecins en vue de leur faire prescrire un anti-cancéreux !
Baisse du CA du groupe français
La mauvaise nouvelle intervient alors que Sanofi vient de publier ses derniers résultats trimestriels marqués par une baisse du chiffre d’affaires (- 6,3 % à taux de change constants) au 2ème trimestre de 2013, due à d’importantes pertes d’exclusivité de certains produits (481 millions d’euros de pertes), ainsi que d’une chute de son résultat net (- 24,2 % à taux de change constants). Plombé par de mauvaises performances au Brésil (CA en baisse de 22,1 % au 2ème trimestre), le groupe mise sur la zone Asie – première plate forme de croissance au sein des marchés émergents – où il réalise de belles percées, avec un CA en progression de 10,7 % au 1er semestre 2013, à 1,525 milliards d’euros.
Cette remontée d’une affaire vieille de 6 ans traduit la volonté des autorités chinoises de s’attaquer à toutes les sources d’une corruption qui semble avoir gangréné le pays et ses provinces. Elle ne devrait pas faciliter le bon en avant du groupe français dans l’Empire du Milieu, sauf à prendre rapidement des mesures d’assainissement au regard de pratiques qui n’ont rien d’inhabituelles en Chine, mais qui contredisent les codes d’éthiques dont veulent se prévaloir les big pharma. Affaire à suivre.
Jean-Jacques Cristofari
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Les autorités chinoises déterminées à lutter contre la corruption[singlepic id=797 w=280 h=180 float=right]
« Les autorités chinoises de la santé continueront à travailler avec les instances judiciaires pour lutter contre la corruption dans le secteur de la santé », a déclaré vendredi le porte-parole de la Commission nationale de la santé et du planning familial, Deng Haihua (photo), indique Radio Chine Internationale. Cette commission promet d’intensifier ses efforts pour lutter contre la corruption commerciale dans l’industrie pharmaceutique et le secteur de la santé, a ajouté le le porte-parole en faisant valoir que « les parties qui donnent ou acceptent des pots-de-vin seront poursuivies et punies ».
La même commission projette d’établir une liste noire des sociétés pharmaceutiques et des individus impliqués dans la corruption, a-t-il précisé, en indiquant que les autorités de la santé travaillaient également pour éliminer la corruption à la source en réformant les hôpitaux publics.
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...