[singlepic id=56 w=320 h=240 float=left]Djamel Ould Abbès, ministre de la santé (photo) vient d’annoncer de nouvelles mesures sur le marché algérien du médicament, rapporte la presse algérienne. Objectif principal : réduire la facture des importations de médicaments et intensifier la production nationale afin de couvrir 70% des besoins nationaux d’ici 2014. Le gouvernement veut également encourager la fabrication et la consommation des médicaments génériques.
Le 25 juillet dernier, Sanofi-Aventis Algérie a décidé d’augmenter son capital social de 3,670 milliards à 6,502 milliards de dinars. En toile de fond de cette augmentation, la volonté du groupe français de produire du générique en Algérie et de se positionner résolument sur un marché appelé à connaître des transformations majeures dans les 5 ans à venir. Dans cet esprit, la filiale de notre champion français a réactivé son accord de partenariat avec le leader algérien de la pharma, le groupe Saidal, premier producteur local de générique. Ainsi Saidal et Sanofi-Aventis ont relancé leur filiale commune, Winthrop Pharma Saidal (WPS), en vue de réactiver la production de générique. Une décision qui s’inscrit dans la volonté affichée par le gouvernement, depuis décembre 2008, de reconquérir son marché national, largement dépendant des importations, qui lui coûtent quelque 1,670 milliard d’euros en 2009, chiffre englobe les médicaments conditionnés pour la vente au détail ainsi que ceux qui ne sont pas conditionnés (1). Une raison pour laquelle l’Etat Algérien a pris la décision d’obliger les laboratoires pharmaceutiques étrangers d’investir dans la production de médicaments dans le pays et d’interdire l’importation des médicaments et produits pharmaceutiques qui peuvent être fabriqués localement. Des pertes en perspective pour les laboratoires européens : car la nouvelle règlementation touchera en premier lieu la France et, dans une mesure moindre, l’Espagne et l’Italie d’où provient l’essentiel des médicaments conditionnés pour la vente en détail (2)
Pour répondre à la commande gouvernementale qui impose l’investissement local aux firmes étrangères, les laboratoires pharmaceutiques américains Merck et Eli Lilly ont annoncé le 15 octobre dernier s’apprêter à implanter des unités de production en Algérie, en acceptant notamment de satisfaire à la règle des 51/49 en faveur du partenaire algérien de l’investisseur étranger.
Une nouvelle direction du médicament
Plus largement, le ministre de la Santé, M. Djamel Ould Abbès, vient d’annoncer à l’occasion d’une rencontre avec les opérateurs nationaux et étrangers, l’ouverture d’une nouvelle direction du médicament au ministère de la Santé pour faciliter l’enregistrement des médicaments. Le contrôle des médicaments par le laboratoire national sera accéléré avant leur mise sur le marché local. La matière première indispensable aux fabricants verra également sa durée de dépôt réduite dans les ports et services douaniers. Une autre réforme d’envergure concernera les distributeurs de médicaments en direction des officines (8000 dans le pays) souvent accusés de se livrer à de vrais marchandages et autres spéculations avec les importateurs. Ces derniers, ainsi que les sociétés de conditionnement de produits pharmaceutiques sont priés de passer à la production d’ici la fin 2010 pour se conformer aux décisions gouvernementales. De son côté, l’association des producteurs locaux de médicaments (UNOP) met l’accent sur la nécessité de parvenir à un consensus sur le système de remboursement, les prix de référence, la mise en place d’une stratégie nationale sur les médicaments à court et moyen termes et par ailleurs sur la formation des cadres en pharmacie et en chimie comme de celle des techniciens.
Encourager les génériques
La facture des importations de médicaments qui a atteint 1,670 milliard d’euros en 2009 (2 milliards de dollars) a été qualifiée par le ministre de la Santé de de « facture lourde qui confirme la dépendance par rapport à l’étranger dans ce domaine ». Face à cette facture, la production locale ne pèse que 533 millions d’euros, selon Djamel Ould Abbès. Raison pour laquelle le ministre estime nécessaire d’encourager le développement de la production nationale et l’utilisation des médicaments génériques. Si les besoins actuels en médicaments ne sont couverts qu’à hauteur de 37 % par les productions locales, le gouvernement envisage de faire passer ce taux de couverture à 70 % en 2014 . L’interdiction d’importer des produits déjà fabriqués sur place (300 produits à ce jour, 800 d’ici deux ans) vise à conforter cette direction. En juin dernier, le secteur comptait 1022 DCI et 5 498 produits en marques formes et dosages confondus. Sur ce nombre 234 DCI sont fabriquées en Algérie et 166 DCI conditionnées localement, soit plus de 1.300 produits.
Jean-Jacques Cristofari
(1) dont 87% pour le médicament, 8,63% pour les vaccins, 2,24% pour les consommables, 1,81% pour les réactifs et 0,17% pour les produits dentaires.
(2) En 2008, les importations de médicaments (1,85 milliard de dollars) se répartissent comme suit : 697,7 millions de dollars pour la France, 113,4 millions pour l’Espagne, 107,5 millions pour l’Italie, 16 millions pour la Grèce et enfin 1,6 million pour le Portugal.
Focus sur le marché algérien du médicament
Selon les prévisions des experts, le marché algérien atteindra les 3 milliards de dollars en 2013. Le français sanofi-aventis est Numéro 1, avec 13 % de parts de marché. En 2009, il représentait près de 320 millions de dollars. Sanofi-aventis est suivi par Hikma pharma (164 863 013 dollars), Saïdal (149 187 464 dollars), GSK (141 958 937 dollars), Novartis (129 138 999 dollars) et Pfizer (111 323 448 dollars). Viennent ensuite le danois Novo Nordisk (85 264 536 dollars), l’américain MSD (85 264 536 dollars), le français Roche diagnostics (85 264 536 dollars) et Astrazeneca (85 264 536 dollars).
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...