Naissance d’une « big biopharma »

Naissance d’une « big biopharma »
novembre 24 16:34 2019 Imprimer l'article

C’est fait depuis le 20 novembre : la société Bristol-Myers Squibb a finalisé l’acquisition de Celgene Corporation pour 74 milliards de dollars, après obtention de l’approbation réglementaire des autorités antitrust américaines. Annoncée en janvier dernier, cette méga-fusion devait passer par le délestage d’Otezla et ses antiinflammatoires, cédés par BMS à Amgen pour 13,4 milliards de dollars.

Ce sera la fusion la plus chère de la décennie, après le rachat de Warner Lambert par le laboratoire Pfizer en l’an 2000 pour 110 milliards de dollars et en 2018 de l’irlandais Shire par le japonais Takeda pour 51,5 milliards de dollars. « C’est une journée excitante pour Bristol-Myers Squibb, car nous réunissons les scientifiques de pointe, des médicaments innovants et le talent incroyable de Bristol-Myers Squibb et de Celgene pour créer une société biopharmaceutique de premier plan», a déclaré le 2à novembre Giovanni Caforio, MD, président du conseil et CEO de Bristol-Myers Squibb. La fusion aura cependant pris onze mois de plus que prévu. Car annoncé en grande pompe en janvier dernier, le rapprochement aura été contrarié par les autorités antitrust, qui ont exigé de BMS qu’il cède ses activités dans les antiinflammatoires, concentrées dans sa filiale Otezla. Bouclée en août dernier, la vente de cette dernière à Amgen pour 13,4 milliards de dollars devait ouvrir la voie à la naissance d’une « big biopharma » leader en immuno-oncothérapie, une approche thérapeutique qui consiste à stimuler les défenses immunitaires pour lutter plus efficacement contre les cellules cancéreuses.

Des blockbusters et un pipeline prometteur

Si BMS perd une pépite – Otezla ayant généré des ventes de 1,6 milliard de dollars en 2018 et devrait atteindre 1,9 milliard cette année – le nouveau géant mondial en oncologie disposera de 3 blockbuster dans son portefeuille de produits :
– le Revlimid, un immunosuppresseur commercialisé par Celgene et indiqué pour les myélomes multiples et certains lymphomes. Il génère plus de 8 milliards de dollars de ventes
– l’Opdivo de BMS, un anticorps monoclonal humain dont les ventes sont estimées à peu moins de 4 milliards de dollars.
– le Yervoy, un anticorps monoclonal indiqué dans le traitement du mélanome avancé, avec des ventes estimées à près de 2 milliards de dollars en 2018.

A ce portefeuille s’ajoute un pipeline très prometteur de plusieurs dizaines de molécules en développement, dont les cellules CAR-T, soit  » un des pipelines les plus diversifiés et les plus prometteurs du secteur  » de l’avis de son Pdg, qui a annoncé  » plusieurs avancées concrètes dans la réalisation des principaux inducteurs de valeur de la fusion« . Notamment des avancées supplémentaires dans le domaine des brevets de plusieurs produits issus des rangs de Celgene : le Revlimid®, l’approbation par la FDA de Inrebic® (fedratinib) pour le traitement de certaines formes de myélofibrose, l’approbation par la FDA de Reblozyl® pour le traitement de patients adultes atteints de bêta-thalassémie, auxquels s’ajoutent les dépôts réglementaires de luspatercept et ozanimod aux États-Unis et en Europe. « La société a également réalisé des progrès substantiels dans la planification d’une intégration réussie », ajoute Giovanni Caforio. Car comme pour toute fusion, des économies d’échelle devront être réalisées entre les deux entités. « Avec nos franchises leader en oncologie, en hématologie, en immunologie et maladies cardiovasculaires, et l’un des pipelines les plus diversifiés et prometteurs de l’industrie, je sais que nous concrétiserons notre vision de transformer la vie des patients par la science, a ajouté le Pdg de BMS. Je suis très enthousiaste au vu des opportunités qui s’offrent à nos employés actuels et aux nouveaux collègues que nous accueillons au sein de l’entreprise alors que nous travaillons ensemble pour fournir des médicaments innovants aux patients. »

Enfin, selon une pratique coutumière dans les rangs de la pharma, BMS rachètera pour 7 milliards de dollars de ses actions, « avec de l’argent en cash ». Par cette opération, le nouveau groupe s’assurera d’un cours assez élevé et attractif pour ses actions.

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A propos de l'auteur

Jean Jacques Cristofari
Jean Jacques Cristofari

Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...

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