En 2015, les ventes de médicaments et produits de santé sans ordonnance ont connu une nouvelle envolée à + 8 % en volume et à 10,9 % en valeur, rapporte IMS Health. Le marché officinal conventionnel ne progresse pour sa part que de 4 %. Nos voisins démontrent que les ventes sur Internet ont trouvé leur marché.
En 2015, les ventes par correspondance de produits de santé sans ordonnance (dits OTC), générées pour l’essentiel par Internet, ont porté sur un volume de 131 millions d’unités (+ 8 %) au sein d’un marché officinal, dont les ventes s’élèvent pour les officines en dur à 1,068 milliard d’unités de conditionnement. En termes de chiffre d’affaires, la part des ventes de produits OTC en officines s’élève à 11, 102 milliards d’euros (+ 5,3 %), contre 1,334 milliards pour celles réalisées par correspondance via l’Internet, soit 11 % des ventes officinales totales. Sur ce dernier total, 78 % des ventes sont portées par des produits de prescription médicale facultative (1,035 milliard d’euros), le solde étant le fait de produits cosmétiques ou de soins corporels (196,3 millions d’euros), de biens médicaux (71 millions) et de produits de nutrition (30,9 millions). Les différences les plus marquées entre les deux circuits de dispensation concernent les produits cosmétiques, qui augmentent de 8,2 % en valeur sur le réseau Internet, alors que les ventes en officine enregistrent un recul de 1 %.
49 % d’internautes allemands achètent des médicaments via Internet
Le fait que le commerce de produits en vente libre connaît, année après année, une croissance continue, a différentes causes. « Ce canal de distribution dessert de plus en plus de segments du marché des produits en vente libre », note IMS. « Cette large gamme comprend à la fois des produit intéressants à des prix élevés, ainsi que de plus en plus de formes de production et de taille d’emballages différents. » L’élargissement des assortiments de produits favorise cette tendance haussière. En outre, le commerce de vente à distance a gagné en capacité de réaction, avec des délais de livraison de 24 heures qui satisfont les clients. « Dans les grandes villes et les agglomérations, une commande passée en matinée peut être livrée dans la journée. » Plus largement les producteurs se sont engagés dans une politique active de vente par correspondance qui porte cette tendance à la croissance. « Enfin, les consommateurs acceptent désormais les commandes électroniques comme une voie d’achat normale », ajoute encore IMS. « Le consommateur se comporte dans ses achats par correspondance comme il le fait avec sa pharmacie de quartier. Il commande ses produits pour soins aigus, prend en compte les offres à prix attractifs et achète même des produits sensibles. La chaîne de distribution pharmaceutique par Internet est donc pour le client qui achète des médicaments ou des produits de santé aussi compréhensible que ce qu’il fait tous les jours depuis longtemps pour acheter d’autres objets », indique Marlies Spiegel, experte du secteur Consumer Health chez IMS. Un client qui peut à loisir s’informer via Internet sur les offres de produits, leur composition, leurs indications et contre-indications et leurs prix. Sans compter les opinions émises sur ces mêmes produits ou encore les tests comparatifs qui éclairent à loisir les consommateurs dans leur choix. L’Allemagne a choisi résolument de favoriser ce canal qui, 12 ans après son lancement officiel, a recueilli l’assentiment de 49 % des internautes allemands (1) qui n’hésitent plus à l’utiliser.
De son côté, la France est encore très loin de cette pratique. Les syndicats d’officine et l’Ordre des Pharmaciens tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur un canal de distribution qu’ils estiment contraire à la vision du service que rendent les officines à leurs clients. Sans compter que recours à l’automédication n’est pas une pratique très répandue en France, à l’inverse de celle en vigueur dans les pays nordiques et anglo-saxons. De plus, depuis 2006, l’ANSM publie des mises en garde vis-à-vis des consommateurs, en particulier sur les risques liés à l’achat de médicaments sur Internet. » Les produits de santé vendus sur Internet sont de qualité variable et totalement aléatoire. L’achat de médicament sur Internet est aujourd’hui une pratique dangereuse qui expose l’acheteur à de nombreux risques pour sa santé », indique l’ANSM sur son site Internet
Jean-Jacques Cristofari
(1) Selon un article paru en octobre 2015 chez Bitkom » Medikamente kommen immer häufiger aus dem Web »
(Source : sondage Pharmacien Manager n° 156 – avril 2016)
21 % des officinaux français se disent bien préparés à effectuer des ventes en ligne via Internet. Ils sont par ailleurs 20,2 % à affirmer que dans les 10 années à venir, ils auront développé des activités de vente par correspondance via le web.
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...