[singlepic id=43 w=300 float=left]Le « Rapport sur la santé dans le monde » de 2010 de l’OMS sera officiellement présenté à Berlin en novembre prochain. Il est consacré au financement des systèmes de santé et propose une série d’options pour lever des ressources suffisantes et supprimer les obstacles à l’accès à la santé, en particulier pour les populations défavorisées. Il propose pour l’essentiel de réaliser une couverture universelle et constate que, selon les estimations, de 20 à 40 % de toutes les dépenses de santé du monde sont actuellement gaspillées par manque d’efficacité. Il avance au total dix domaines spécifiques où de meilleures politiques et de meilleures pratiques pourraient améliorer l’impact des dépenses de santé. Ce rapport a été introduit par Margaret Chan lors de la 60ème cession du Comité régional de l’OMS pour l’Europe, qui s’est tenu à Moscou en septembre dernier (voir Pharmanalyses ci-dessous). A cette occasion, la directrice générale est revenue sur la gestion par l’OMS de la grippe H1N1. Margaret Chan rejette totalement l’idée que l’OMS et ses experts aient pu être influencés par l’industrie du médicament dans leurs décisions relatives à la gestion mondiale de la grippe H1N1 …
« Mesdames et Messieurs,
L’OMS fait l’objet d’un examen minutieux pour son action face à la grippe pandémique de 2009. Pour certains, les mesures d’intervention adoptées apparaissent désormais excessives par comparaison à l’impact modéré de la pandémie. Un tel examen est compréhensible, et nous répondons aux préoccupations manifestées.
Nous sommes heureux que l’impact de la pandémie n’ait été que modéré. Si le virus H1N1 avait muté pour devenir plus mortel, nous ferions l’objet d’un autre type d’examen approfondi pour n’avoir pas réussi à protéger un grand nombre de gens. Les plans de riposte, mis au point pendant les années où le virus de la grippe aviaire H5N1 très dangereux faisait l’objet d’une surveillance inquiète, ont préparé le monde à un événement beaucoup plus grave. Revoir ces plans à la baisse s’est avéré difficile, en partie parce que personne n’était en mesure de répondre avec certitude à une question fondamentale : est-il sans risque de le faire ? Sommes-nous sûrs de ce que nous faisons ? Faut-il oser ?
L’approche en plusieurs phases de l’alerte pandémique, introduite en 1999 comme une stratégie visant à réduire l’anxiété publique, a en fait eu l’effet inverse. Elle a conduit à une dramatisation des étapes menant à la déclaration d’une pandémie, aux yeux du public et des médias. Influer sur ces perceptions de l’épidémie pour s’adapter à un événement beaucoup moins grave a été problématique.
Les capacités limitées et les temps de production relativement longs des fabricants de vaccins ont été un obstacle à la souplesse de la réaction. Il fallait passer commande avant que ne soient disponibles les données factuelles permettant d’étayer les projections des besoins. Par exemple, certaines commandes ont reposé sur l’hypothèse selon laquelle deux doses seraient nécessaires. Les procédures pour obtenir des dons de vaccins à l’intention des pays en développement se sont avérées beaucoup plus pesantes et longues que prévu. Vous avez peut-être besoin d’entendre que le processus de déploiement des vaccins profite à 83 pays qui, autrement, n’auraient pas eu de vaccins. J’en remercie bon nombre de vos pays, ainsi que beaucoup de partenaires.
À maints égards, nous aurions pu mieux faire. Je m’en remets aux conclusions du Comité d’examen, créé en vertu du Règlement sanitaire international, pour conseiller l’OMS sur les changements nécessaires. Je ne veux pas préjuger du résultat de cet examen, qui est mené avec une grande rigueur et pris très au sérieux, mais je peux répondre à au moins une question brûlante. L’OMS a-t-elle été influencée par des liens avec l’industrie pharmaceutique ?
J’ai, bien évidemment, largement participé aux discussions qui ont conduit l’OMS à annoncer les changements de phase. Je peux vous l’assurer : jamais, à aucun moment, je n’ai vu la moindre petite preuve que les intérêts pharmaceutiques, par opposition aux préoccupations de santé publique, ont influencé une décision ou un conseil quel qu’il soit fourni à l’OMS par les experts. Jamais je n’ai vu la moindre petite preuve que les profits financiers pour l’industrie, par opposition aux données épidémiologiques et virologiques, ont influencé les décisions de l’OMS.
J’aurai l’occasion, plus tard au cours de ce mois, de présenter mon point de vue au Comité d’examen, ainsi que la documentation complète, à la fois publique et confidentielle, concernant toutes les délibérations et décisions de l’OMS. Tous nos dossiers sont conservés méticuleusement. Comme je l’ai dit, nous accueillons favorablement cet examen comme une occasion d’améliorer nos résultats. La pandémie de grippe 2009 ne sera pas la dernière urgence de santé publique appelant une réponse au niveau international. »
Dr Maragaret Chan, directrice générale de l’OMS, 14 septembre 2010
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...