Les généralistes vivent mal la gestion de la vaccination anti-Covid-19. Une enquête diligentée par le syndicat MG France, destinée à prendre le pouls de la mobilisation des médecins généralistes démontre leur exaspération face à la manière dont les autorités de santé ont pris en compte leur rôle dans la gestion de la pandémie.

A l’approche des départs en vacances, le syndicat des généralistes, MG France, a lancé une nouvelle enquête destinée à mesurer la mobilisation des médecins généralistes dans le cadre de la campagne de vaccination en cours (1)

Plus de 90% des médecins généralistes déclarent avoir vacciné à leur cabinet, en centre ou dans les deux lieux, ce qui traduit l’engagement massif de la profession dans cette action de santé publique, fait savoir MG France. Une large majorité (60%) des médecins généralistes regrette cependant que l’approvisionnement en vaccins ait été très irrégulier, 77% d’entre-eux estimant qu’un meilleur approvisionnement leur aurait permis de vacciner plus largement.
La possibilité de commander en direct est attendue par 60% des répondeurs, 80% d’entre eux estiment qu’un conditionnement unitaire favoriserait la vaccination en ville.

Exaspération sur fond de revirements incessants de doctrine

Si un peu plus de 60% envisagent de poursuivre leurs efforts pour vacciner la population, 50 % manifestent une profonde exaspération et 13% sont même fermement décidés à arrêter leur campagne de vaccination. « La comparaison des 90% qui ont vacciné aux 60% qui veulent continuer mesure l’érosion de la motivation, voire l’irritation pour 50% des médecins généralistes« , note Jacques Battistoni, président de MG France. Pour le syndicat, ces chiffres traduisent la maltraitance dont sont l’objet les médecins généralistes : « longtemps écartés de l’utilisation des vaccins à ARN messager, approvisionnés au compte-gouttes et sans visibilité quand on leur demande d’utiliser le Vaxzevria ® alors que les plus hautes autorités de l’État mettent en doute sa sécurité d’emploi. Sans compter qu’ils ne sont pas informés lorsque leurs propres patients sont vaccinés par d’autres« . La récente décision d’autoriser la distribution aux médecins généralistes du vaccin Comirnaty ®, de Pfizer, considéré longtemps par le gouvernement comme “inutilisable en ville” constitue aux yeux des généralistes « le symbole des revirements incessants de doctrine, empreints de mépris pour une profession particulièrement engagée dans sa mission de santé publique. »

Au total, estime MG France, Les médecins généralistes traitants estiment leur rôle essentiel dans la protection des populations de leurs territoires. Ils se considèrent irremplaçables pour aller chercher les publics les plus éloignés de la vaccination, ceux qu’il faut désormais convaincre pour espérer atteindre un niveau suffisant de couverture vaccinale en France. « Comme en Allemagne notamment, la poursuite de cette campagne vaccinale française repose, maintenant plus que jamais, sur les médecins généralistes traitants« , conclut MG France qui exige que les moyens nécessaires leur soient donnés. Affaire à suivre.

J-J Cristofari

(1) 2466 réponses qui ont été enregistrées dans le cadre de l’enquête menée entre le 21 et le 27 juin.