Sanofi-aventis restructure en Europe, pertes d’emplois à la clé

Sanofi-aventis restructure en Europe, pertes d’emplois à la clé
mars 21 20:15 2011 Imprimer l'article

[singlepic id=148 w=320 h=240 float=left]Ça bouge chez sanofi-aventis, en France comme en Hongrie. D’après les informations concordantes la compagnie va procéder à une nouvelle vague de licenciements en Europe : 700 employés, sur 55.000 salariés, sont priés de partir dans le cadre d’une nouvelle restructuration qui transformera l’entreprise de fond en comble.

(Correspondance de Mihály Rózsa à Budapest)

C’est la 2ème vague de départs après la suppression de 927 postes de visiteurs médicaux en France en 2008. Une fois encore les visiteurs médicaux sont les plus touchés (575 postes) mais les craintes concernent surtout l’avenir de la recherche. En 2010, l’Europe a représenté moins de 30 % des ventes de la multinationale, tandis que les effectifs représentent 54 %.

Dans le cadre de la restructuration à venir, les 30 filiales européennes seraient rassemblées en 8 grandes unités appelées « MCO » (Multi-Country Organisations) et 4 « pays directs », permettant d’économiser certains frais de structure. La Hongrie ferait partie du groupe CEE qui réunit 16 pays. Dans le sous-groupe MCO Danube on trouve la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie et la Moldavie.

Nouvelle stratégie

Le deuxième pilier de ce mouvement s’appelle la « nouvelle stratégie de portefeuille-produits » qui consiste pour le groupe à se concentrer sur les produits protégés par des brevets et de diversifier au maximum ses activités. Dans ce cadre, un effort particulier sera consacré à la recherche sur les nouvelles molécules contre le cancer et le diabète. Il est à noter que les produits dits éthiques ainsi que les médicaments génériques prendront de l’ampleur pour la firme multinationale. Le troisième pilier touche à la simplification des structures visant à éviter la duplication des ressources.

Le directeur général de sanofi-aventis a annoncé son plan de réorganisation en 2009, dès son arrivée à la tête du groupe. Chris Viebacher souhaite transformer la compagnie d’un laboratoire pharmaceutique à une « entreprise de santé » qui vend non seulement des produits traditionnels, mais aussi des génériques et des produits sans ordonnance, voire des services. Depuis son arrivée à la direction générale, Sanofi a réalisé près d’une vingtaine d’acquisitions ou partenariats dans les génériques, la biotechnologie (avec Genzime) et les médicaments sans ordonnance.

 

Hausse des bénéfices et des licenciements

Les licenciements annoncés peuvent surprendre dans la mesure où le groupe sanofi-aventis a en effet affiché en 2010 les meilleurs profits du CAC 40, notamment grâce au psychodrame de la grippe A et à la générosité du gouvernement français à cette occasion (900 millions d’euros de vaccins H1N1 commandés, dont 64 millions d’euros pour sanofi-aventis)

Chris Viehbacher, transfuge du laboratoire britannique GlaxoSmithKline, prend la place de Gérard Le Fur le 1er décembre 2008, après que les autorités américaines refusent d’homologuer, en juin 2007, l’Acomplia, la pilule anti-obésité que sanofi-aventis destinait au marché américain. En mars 2008, le groupe pharmaceutique français supprime 471 emplois sur son site de Vitry-sur-Seine. Le bénéfice net de la société s’élève en 2007 à 7,110 milliards d’euros. En octobre 2008, le champion français supprime 927 emplois dans les rangs de la visite médicale et réalise sur l’année un bénéfice net de 3,8 milliards d’euros. Un tiers de l’effectif total, soit 817 emplois sur 2 481, est condamné à disparaître, fait savoir la presse. Le métier de visiteur est « mis en danger », affirme de son côté le directeur des ressources humaines du groupe, Pierre Chastagnier. En quatre ans, les forces de vente du groupe ont fondu de 30 %.

En 2009, sanofi-aventis réalise 7,8 milliards d’euros de bénéfices. L’effet grippe H1N1 est passé par là. 2010 devrait se présenter aussi bien : le géant pharmaceutique a distribué 3,1 milliards de dividendes à ses actionnaires et en prévoit 3,5 pour 2012. En décembre 2010, le même groupe annonce vouloir procéder à 575 suppressions d’emplois dans sa branche commerciale. C’est son troisième plan de ce type en quatre ans dans le même secteur. 497 postes de visiteurs seront supprimés d’ici le printemps prochain, et 78 autres postes dans la filiale commerciale du groupe en France. « La principale raison » de cette réorganisation, « ce sont les changements assez profonds de notre métier », fait valoir auprès de l’AFP Nicolas Cartier, directeur général de sanofi-aventis en France. Les visiteurs médicaux de sanofi, qui étaient encore près de 1800 en décembre 2008. Ils passent à 1436 fin 2009. Ils ne seront plus qu’environ 1.300 fin 2010 et, après les suppressions de postes du dernier « Plan de sauvergarde pour l’emploi », en cours, seront ramenés à 798.

En Hongrie, le groupe avertit les dirigeants politiques

La méthode Viehbacher, dénommé le « smilling killer », a clairement été affichée dès son arrivée il y a deux ans : le groupe a été engagé dans un vaste plan destiné à lui faire économiser 2 milliards d’euros en 2013 par rapport à 2008. Ce dernier objectif a déjà été atteint fin 2010. La rédaction du « petitjournal.com » souhaitait avoir des informations plus précises concernant l’avenir de sanofi-aventis en Hongrie. La direction de la compagnie s’est contentée de publier un communiqué officiel qui parle du « début de l’optimisation de l’organisation dans les entités de l’entreprise, à savoir Chinoin qui s’occupe de développement et de la recherche et sanofi-aventis rt qui s’occupe des ventes et du marketing. » Le document fait allusion au plan de réorganisation de la maison-mère en soulignant qu’ « on ne peut pas prévoir comment se passerait cette réorganisation en Hongrie. » Par contre, il est certain que les activités de recherche de Chinoin se concentreront sur les médicaments contre les maladies autoimmunes et anti-inflammatoires. Le texte avertit les dirigeants politiques hongrois des dangers de la diminution des subsides aux médicaments et prévient que la survie du secteur dépend de la suppression des taxes spéciales imposées par le gouvernement ainsi que de la reconnaissance de l’importance des activités de la recherche par les mesures fiscales.

Mihály Rózsa à Budapest, 22 mars 2011

[singlepic id=146 w=320 h=240 float=left](www.lepetitjournal.com/budapest.html )

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Sanofi-aventis en Hongrie

Le groupe français possède deux sociétés en Hongrie : Chinoin Zrt. et sanofi-aventis Zrt; un centre de R&D ainsi que deux centres de production ( à Veresegyhàz et à Miskolc), tous trois sous l’égide de Chinoin Zrt. Et (cf. : www.sanofi-aventis.hu)

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Jean Jacques Cristofari
Jean Jacques Cristofari

Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...

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