La pandémie fait du bien à la pharma

La pandémie fait du bien à la pharma
janvier 13 18:51 2021 Imprimer l'article

Les vaccins qui sont déjà arrivés ou vont arriver sur le marché, une fois les autorisation accordées par les autorités sanitaires, vont faire décoller les cours des laboratoires concernés. Le premier entrant Pfizer-BioNTech rafle la plus belle mise.

Selon GlobalData, société d’étude de marché pharmaceutique, le vaccin à deux injections d’ARNm COVID-19 de Pfizer-BioNTech, BNT-162b2, qui est le premier vaccin prophylactique contre la Covid-19 arrivé sur le marché, devrait générer 30 milliards de dollars de ventes de 2020 à 2026, avec un pic de ventes de 13,9 milliards de dollars en 2021. Son prix de vente se situe autour des 16 euros en Europe, légèrement plus aux Etats-Unis.
«Bien qu’il s’agisse du premier vaccin disponible, les ventes de BNT-162b2 devraient baisser de 76% en 2022 pour atteindre 3,4 milliards de dollars en raison de la concurrence attendue des futures approbations de vaccins Covid-19″, commente Keshalini Sabaratnam, analyste pharmaceutique chez GlobalData.

En décembre dernier, Eva De Bleeker, la secrétaire d’Etat belge au budget et à la protection des consommateurs, a vendu la mèche en détaillant le prix des doses que le royaume entend acheter à six fabricants : 1,78 euro l’unité pour AstraZeneca, 6,93 (8,50 dollars) pour Johnson & Johnson, 7,56 pour Sanofi/GSK, 10 pour Curevac, 12 pour Pfizer-BioNTech, 14,68 (18 dollars) pour Moderna. Soit, pour la Belgique, un coût global de plus de 279 millions d’euros pour 33,5 millions de doses. « Tout ce qui concerne des informations comme le prix des vaccins est couvert par la confidentialité, c’est une obligation très importante « , affirma aussitôt un porte-parole de la Commission de Bruxelles, estimant qu’il s’agissait là d’une  » exigence contractuelle  » dans le cadre des commandes déjà passées. En attendant, la Commission, a par avance, participé au financement de la future fabrication des vaccins, à hauteur de 2,15 milliards d’euros.

Dans les faits, le prix du vaccin de Pfizer et BioNTech avoisine les 19,50 dollars la dose, soit 16,10 euros. La vaccination nécessitant deux doses, le coût d’une vaccination revient finalement à 39 dollars, environ 33 euros. Coût théorique pour 40 millions de personnes à vacciner en France : 1,32 milliards d’euros. Et 13,2 milliards d’euros pour 400 millions d’Européens. De quoi donner aux actionnaires de sérieuses espérances de dividendes. Pour la France, il faudra ajouter à la note des vaccins – variable selon les laboratoires – tous les frais d’acheminement. Car il faudra aussi devoir payer les avions et camions transportant les doses, ainsi que les réfrigérateurs spéciaux pour les conserver à une température de -80°C. Sans compter les coûts des vaccinations par les professionnels de santé. Pour Frédéric Bizard, économiste et président de l’institut Santé le plan de vaccination en France pourrait coûter au total près de trois milliards d’euros. Une note assez faible au regard de ce que coûtera in fine la pandémie au pays.

Une manne financière prometteuse

sAu regard des commandes passées à l’ensemble des laboratoires pharmaceutiques sur les rangs pour mettre dans les semaines ou mois à venir un vaccin sur le marché, ces derniers devraient y trouver de quoi faire décoller leur chiffre d’affaires de manière certaine. Le tableau ci-dessous donne par avance une idée assez précise des ventes à venir. L’estimation du CA prévisionnel se situe ainsi dans une fourchette de 10 à 20 milliards d’euros pour la campagne à venir. Les suivantes devraient clarifier la donne du marché, qui restera cependant alimenté de manière conséquente par les livraisons de vaccins. Il y aura certes des gagnants, mais peu de perdants. Comme pour chaque lancement de spécialités, la seule certitude est que la prime ira au premier entré. Ainsi, BioNTech, la start-up alliée au géant américain Pfizer a vu sa capitalisation au Nasdaq propulsée à 24 milliards de dollars. « Aujourd’hui les concurrents sont nettement devant mais le marché va connaître plusieurs phases, souligne un conseiller d’Olivier Véran dans Challenges. Sanofi dispose d’un outil de production puissant et les besoins en vaccination resteront énormes fin 2021, notamment si le virus connaît des mutations« . Autant dire que le jeu reste pleinement ouvert !

J-J Cristofari

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A propos de l'auteur

Jean Jacques Cristofari
Jean Jacques Cristofari

Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...

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