[singlepic id=77 w=320 h=240 float=left]Seul candidat déclaré à la présidence de la FNMF, Etienne Caniard a été élu par l’assemblée générale de la fédération des mutuelles santé, réunie le 14 décembre à Paris, à 96,33 % des voix. Il présidera les destinées de la Mutualité Française pour six ans et succède à Jean-Pierre Davant qui aura occupé le siège 18 années durant. D’emblée le ton est donné : la FNMF entend être une force de propositions dans le cadre des futures présidentielles.
« Mettre la santé au cœur des présidentielles de 2012 » : le vœu exprimé par le président sortant de la Mutualité Française, Jean-Pierre Davant, à la veille de son départ, semble parfaitement partagé par son successeur, qui a d’emblée fait savoir qu’il espérait pouvoir être en mesure de proposer rapidement « un schéma d’ensemble cohérent et crédible aux futurs candidats à la fonction présidentielle ». « L’accès à des soins de qualité pour tous demeure une priorité de la Mutualité Française », a fait savoir Etienne Caniard à l’issue de son élection pour laquelle un millier de délégué s’était déplacé. « Il faut que le mouvement mutualiste occupe toute sa place pour être réellement une force de proposition » et « éviter que le débat ne se réduise à un partage financier entre régimes obligatoires et complémentaires. » Il est vrai que ces derniers mois et années, lentement mais sûrement, un nouveau partage des rôles s’est installé entre l’assurance-maladie obligatoire et les mutuelles, la première ayant principalement en charge les risques lourds -notamment pris en charge à l’hôpital – et les malades en affection de longue durée (60 % des dépenses remboursées), et les secondes les « petits risques « ( !) ainsi que les dépenses délaissées de longue date par le régime obligatoire (dentaire, optique pour l’essentiel). Mais la Mutualité ne l’entend pas de cette oreille et souhaite que la voix de ses millions d’adhérents soit entendue dans le débat conventionnel, auquel elle a été invitée à s’associer, comme dans les discussions parlementaires annuelles en vue de l’élaboration de la loi de financement de la Sécu. Une loi qui année après année accroît les restes à charge des assurés sociaux, à coup de franchises, de dépassements d’honoraires, de déremboursement et autres forfaits en tout genre, que récupère le secteur mutualiste.
Un parfaite connaissance des usagers de santé
Administrateur de la FNMF dès 1994, Etienne Caniard connaît bien l’univers des malades en général et celui des patients en particulier, pour avoir notamment rédigé un célèbre rapport sur « la place de l’usager dans le système de santé » (2000) qui a servi de base à une partie de la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades et la qualité du système de santé. Membre jusqu’à son élection, du collège de la Haute Autorité de santé (HAS), chargé de la qualité et de la diffusion de l’information médicale, il a veillé avec soin à ce que cette dernière ne soit pas entachée de visions partisanes et intéressées, sans jamais s’ériger en censeur dans un univers médiatique très ouvert où l’esprit critique doit être préservé.
« Très réservé sur la possibilité donnée aux laboratoires de communiquer directement auprès des patients sur leurs produits ou sur les pathologies concernées par ces derniers » (1), l’ancien membre de la HAS aura accompagné avant son départ la création d’un nouvel « outil d’aide aux établissements de santé en matière d’accueil à la visite médicale », qui viendra prochainement compléter la Charte de la VM mise en place en juillet 2006 et objet d’un premier bilan en novembre 2009. « La politique de gestion de la visite médicale, périmètre de cet outil, devrait s’inscrire dans une politique plus globale de gestion des relations de l’établissement et des professionnels de santé avec les industriels », précise le document de travail préparatoire de la HAS en date de juillet dernier
Rien de ce qui concerne la santé n’est donc étranger à cet économiste qui vient de prendre les rênes du monde mutualiste où il saura défendre avec conviction et vigueur, mais aussi avec la diplomatie tout particulière dont il est coutumier, des assurés sociaux mis à mal par les trains successifs de réformes qu’a subi notre protection sociale ce dernières années. « Nous sommes aujourd’hui dans une phase d’exercice des droits de patients », confie encore celui qui a animé la plénière des rencontres HAS 2010 de décembre dernier sur le thème de « l’Internet, un atout pour la relation médecin patient », conscient, comme l’est l’institution qu’il vient de quitter, qu’un « patient bien informé et impliqué dans sa prise en charge contribue à l’amélioration de la qualité du système de santé. » Des patients qui sont d’abord des assurés sociaux, ne manquera pas de rappeler le nouveau président de la Mutualité Française. Celui qui en début de décennie a représenté cette même mutualité au Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM), qui a récemment rendu son rapport annuel, connaît parfaitement les arcanes et les enjeux du monde de la santé qui vit actuellement sa révolution copernicienne. Etienne Caniard ne manquera pas de rappeler aux parties prenantes de ce même système de santé que si les assurés mutualistes en sont bien des bénéficiaires, ils sont également ses premiers contributeurs financiers, régimes obligatoire et complémentaire compris. Mais aussi et surtout des électeurs. Avis aux candidats…
Jean-Jacques Cristofari
(1) Cf. le mensuel Pharmaceutiques de mars 2009
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...