[singlepic id=533 w=320 h=240 float=left]Alors qu’en France, le marché des médicaments prescrits et remboursables en prix fabricants hors taxes enregistre fin juin une très légère hausse, à + 0,6 %, après plusieurs baisses consécutives, en Allemagne, les dépenses en médicaments remboursés par les caisses maladies publiques se maintiennent à + 3 % pour ce premier semestre. Sans les rabais et remises obligatoires imposées aux fabricants allemands et à leurs distributeurs, la hausse aurait même été supérieure. En Europe, parmi les 5 premiers marchés européens, la France enregistre sur les 6 premiers mois de 2012 la plus mauvaise performance. Les mesures proposées par le récent rapport de l’IGAS et de l’IGF à l’encontre des industriels du médicament ne devrait pas favoriser un renversement de tendance. Une double peine pourrait être imposée à ces derniers.
Hanz qui rit et Jean qui pleure ! Outre-Rhin, ce n’est certes pas la fête, mais les tendances enregistrées pour ce 1er semestre sur le marché du médicament sont de nature à rassurer des industriels qui, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de régulation de leur secteur, dite AMNOG, se voient imposer des rabais obligatoires par les caisses maladie publiques. Fin juin, la note s’élève à cet égard à quelque 1,2 milliard d’euros, auxquels s’ajoutent 600 millions de remises versés par les officines aux mêmes caisses. Le secteur des grossistes répartiteurs, qui vient de voir son mode de rémunération modifié n’est pas en reste et sa contribution aux économies est estimée à quelque 50 millions d’euros. Le « paquet » d’économies engendré par les prestataires de la chaîne du médicament s’élève ainsi au total à 1,9 milliard d’euros. Un chiffre à rapprocher des 14,6 milliards d’euros de dépenses (en prix de vente officine) nettes consacrées par les caisses maladie au titre du médicament, précise IMS Allemagne. Pour le 1er semestre, l’évolution du marché du médicament remboursé outre-Rhin aura ainsi été de + 2,7 % en valeur. La progression des volumes de médicaments vendus est cependant moindre, à +,0,6 %, une stagnation due en partie aux prescriptions de grands conditionnements, en tendance qui se renforce en Allemagne.
Tendance de fond à la récession[singlepic id=534 w=180 h=140 float=right]
Du côté de l’Hexagone, la tendance est nettement moins favorable. Certes, le mois de juin a enregistré une légère hausse des vente, à + 0,6 %, après 3 mois de recul du marché, mais la tendance demeure à la récession sur le marché des médicaments prescrits et remboursables. « Le marché remboursable termine le premier semestre 2012 à – 1,5% tout rond par rapport au 1er semestre 2011, soit à peu près au niveau attendu (entre -1 et -2%) », commente à son égard l’économiste Claude Le Pen dans la lettre IMS PharmaNews de juillet. Le marché hospitalier, en progression ces derniers mois et années, marque désormais le pas et se situe en recul, de -1,75% au premier trimestre sur le périmètre conventionnel (liste en sus et rétrocession à prix réels). Au total, l’évolution enregistrée depuis 2010 confirme une tendance de fond. La crise économique et ses conséquences sur le budget santé des ménages, ajoutées aux contraintes réglementaires croissantes qui pèsent sur le médicament ont bel et bien eu un impact sur l’évolution du marché. Comme le souligne encore Claude Le Pen, « les efforts tous azimuts des Pouvoirs publics pour abraser les zones de sur-croissance finissent par payer… » Ceux de l’assurance-maladie certainement aussi !
[singlepic id=535 w=180 h=120 float=left]2 milliards de baisses de prix
Les récentes recommandations du rapport de l’IGAS et de l’Inspection générale des Finances, qui préconise de baisser les prix des médicaments sous brevet de 1,5 milliard d’euros et ceux des génériques de 500 millions, le tout ajouté à une meilleure maîtrise des prescriptions pour 600 millions supplémentaires, ne devraient pas être de nature à rassurer les industriels. Aux baisses de volumes constatées sur le territoire national s’ajoute désormais une volonté marquée d’agir sur les prix. Sans attendre, le GEMME, organisation qui regroupe les fabricants de génériques opérants en France (1), a fait savoir que « le prix de l’offre des médicaments génériques en France est légèrement en dessous de la moyenne européenne » et rappelle que « des baisses de prix complémentaires imposées aux industriels du médicament générique fragiliseront la production en France et en Europe, ainsi que l’aptitude de l’industrie à développer dans le futur une réponse générique adaptée aux besoins du pays, et ne résoudront pas le problème de fond : l’insuffisance des prescriptions dans le répertoire. » Du côté du LEEM, son directeur général, Philippe Lamoureux, rappelait en mai dernier, à la conférence annuelle des Echos sur la Pharma, que la ponction opérée sur les industriels en 2011 « avoisine les 2 milliards d’euros, plaçant ainsi pour la première fois, le marché français en situation d’involution. La question de savoir comment rester attractif au plan mondial avec un marché national en réelle contraction est aujourd’hui clairement posée. » Reste que pour l’heure l’urgence est bien de dégager de nouveaux gisements d’économies pour combler les trous de la Sécu. Les industriels du médicament, dont l’activité demeure encore largement bénéficiaire, ne devraient pas échapper à de nouvelles contributions. L’analyse faite par Bercy dans son rapport est sans appel à cet égard.
Jean-Jacques Cristofari
(1) L’association réunit 13 professionnels du médicament générique : Arrow, Biogaran, Cristers, EG Labo, H2 Pharma, Hospira, Médis, Ranbaxy, Sandoz, Substipharm, Teva Laboratoires, Zentiva et Zydus.
***********************************************************************
Classement des ventes de médicaments en Europe, selon IMS World Pharmaceutical Market Summary
NB : L’évolution du marché leader du Top 5 européen, l’Allemagne, se situe à 2,7 % au 1er semestre. La France est à – 1%.
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...