[singlepic id=42 w=320 h=240 float=]Les représentants des 53 Etats membres de la Région européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se retrouvent cette semaine à Moscou pour la cession annuelle du Comité régional de l’Europe. Au menu des travaux, auxquels participeront plus de 300 délégués et 20 ministres de la Santé de la Région européenne – en présence de Margaret Chan (Photo), directeur général de l’OMS, de Tatiana Golikova, ministre russe de la Santé et du Développement social, de M. John Dalli, Commissaire européen à la Santé et à la politique des consommateurs -, les stratégies et les plans d’action relatifs aux grandes questions de santé publique qui concernent la Région et les pays membres.
La Région européenne de l’OMS n’est pas au mieux de sa forme et se trouve face aux échéances sanitaires et sociales qui découlent d’un vieillissement qui frappe désormais l’ensemble de la zone concernée. Ainsi, la proportion de la population âgée de 65 ans ou plus, qui était de 15 % en 2000, doit augmenter pour atteindre 23,5 % en 2030. Quant aux plus de 80 ans ou plus, leur proportion doit plus que doubler, pour passer de 3 % en 2000 à 6,4 % en 2030. Mais cette évolution démographique n’est pas le principal problème que devra affronter l’Europe dans le proche avenir. D’autres questions de santé publique attendent encore des solutions pour ne pas dire des actions concrètes rapides pour éviter que la Région ne s’enfonce pas davantage dans un véritable bourbier sanitaire. Il en va ainsi de maladies qui font un retour en force, telle la tuberculose : chaque heure, précise l’OMS, les professionnels de santé posent 49 diagnostics de tuberculose et 7 personnes meurent de cette maladie. Parmi les 27 pays qui concourent à 85 % du nombre total de cas de tuberculose multirésistante dans le monde, 15 sont dans notre Région européenne. Le VIH continue également à faire des ravages. Mais il souffre aussi souvent d’une trop forte absence de réponse sanitaire. En Europe de l’Est et en Asie centrale, note toujours l’organisation, seulement 23 % des personnes infectées par le VIH ont accès au traitement antirétroviral. Un taux qui est l’un des moins élevés au monde !
Lutte contre le tabagisme : une priorité
Par ailleurs, les maladies cardiovasculaires et les cancers sont les principales causes de mortalité de la Région Europe, qui possède la charge la plus élevée de morbidité au monde due à l’alcool. 6,5 % de la mortalité totale de la Région (11 % chez les hommes et 1,8 % chez les femmes) sont dus à la consommation d’alcool. Avec ce dernier, le tabagisme provoque également des ravages notables : ce dernier tue chaque année environ 1,6 million de personnes sur la région. « Il est, commente l’OMS, le seul bien de consommation légal qui entraîne la mort même en cas d’utilisation correcte telle que prévue par le fabricant. » Il faut à cet égard rappeler que les cancers dus au tabac ne sont pas la seule conséquence de cette addiction. Il faut encore leur ajouter les insuffisances respiratoires qui frappent un nombre croissant de fumeurs, au nombre desquelles figure la BPCO (broncho pneumonie chronique obstructive) qui s’inscrira en 2020 au 3ème rang des causes de mortalité, selon l’OMS. A ce panorama peu reluisant s’joute encore les accidents de la route – 70 % des décès dus aux accidents de la route surviennent dans les pays les plus pauvres de la Région -, l’exposition aux niveaux sonores élevés nocifs pour la santé, la trop faible couverture vaccinale des enfants dans certains pays. Seul point réellement positif mis en avant par l’OMS dans son bilan, le nombre de cas de paludisme signalés dans la Région européenne de l’OMS a très fortement diminué (plus de 150 fois) depuis 1995. Pour le reste, la route est encore longue et selon la formule consacrée, la pente est encore raide.
De grandes inégalités de santé
Les inégalités de santé, loin de se réduire, s’aggravent entre les pays. « Dans chaque pays de la Région européenne, les pouvoirs publics doivent prêter encore plus d’attention aux besoins des populations vulnérables et aux déterminants sociaux de la santé », note encore l’OMS à la veille de sa rencontre de Moscou.. Le Rapport sur la santé en Europe 2009, confirme notamment que la pauvreté constitue toujours la principale menace pour la santé des populations et ce, quel que soit le niveau de développement des pays. Toujours selon ce rapport, l’écart existant entre certains États membres de la Région européenne de l’OMS en matière d’espérance de vie se monte à …21 ans. Autant dire que la question du financement des retraites ne se pose pas de la même manière selon les pays concernés.
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...