On connaissait les coups de gueule de Canto, ses talents de footballeur, mais aussi de comédien et de porte voix des publicistes. Voici Cantona qui fait sa révolution et suggère aux Français de retirer aujourd’hui leur bas de laine des banques. Une révolution « sans larmes ni sang », « à la Spaggiari », en privant les banques de « nos » précieuses économies. Il suffirait, à en croire le léniniste new look d’être de 100 000 à trois millions à le faire et le système serait mis à mal ! « Le système est bâti sur les banques, il suffit de détruire les banques », plaide Canto. Certes, si les pays de la zone des pétrodollars – ou les Chinois – en venaient à retirer leurs placements des banques internationales, on pourrait alors penser que le capitalisme financier sombrerait en quelques semaines ou mois. Et encore ! Quand on voit avec quelle vitesse, les mêmes qui ont fait s’effondrer les finances mondiales en octobre 2008 (rappelez-vous le titre du Monde du 26 octobre » 25 000 milliards de dollars évanouis »), se sont rétablis en à peine un an, avec l’aide des Etats et de nos finances publiques, on a du mal à penser que quelques épargnants privés puissent faire sauter le système bancaire national ou mondial. Et dans quel objectif ? A quelle fin politique ? Cantona a donc réussi à faire un buzz fantastique selon une théorie bien connue dans les médias : celle du lièvre. Ouvrez la boite et faites courir un bon lièvre. Vous verrez alors les médias courir derrière, tels de bon lévriers derrière un lapin mécanique sur un cinodrome. Mais le plus fantastique dans la mise en scène cantonalienne est le ton que le révolutionnaire Cantona donne à sa provocation. Pour ceux qui ne sont pas allés sur l’original, n’hésitez pas. C’est un grand moment de cinéma sur You Tube. Pour les autres, attendons calmement l’effondrement du système bancaire en priant que nos économies lui survivent.
Jean-Jacques Cristofari
PS : Il faudra aussi aider Cantona à transporter ses valises de billets. Le footballeur valait 22 millions d’euros en début de carrière. Cela va faire pas mal de billets de 500.
NB : Rappelez vous la célèbre phrase de Voltaire : « si vous voyez un banquier sauter par la fenêtre, suivez le. Il y a certainement quelque argent à gagner ». A suivre Canto, il y en a certainement beaucoup à perdre.
Journaliste spécialisé en économie de la santé En savoir plus ...