by Jean Jacques Cristofari | 26 mai 2014 17 h 57 min
[singlepic id=957 w=280 h=180 float=left]Alors que les ventes par correspondance de médicaments sans ordonnance connaissent toujours un franc succès en Allemagne où le nombre d’officines de vente à distance fleurissent partout, la France ne s’intéresse que très relativement à cette formule que les officinaux délaissent et à laquelle les Français n’adhèrent pas vraiment.
Autorisées depuis 2004 outre-Rhin, les officines de ventes de médicaments à distance voient leur nombre augmenter d’année en année. En avril dernier, 3 309 pharmaciens (voir liste[1]), qui disposent d’une officine en dur, ont créé leur site de vente, rapporte le syndicat national des pharmacies allemandes de vente par correspondance (BVDVA). Ce phénomène concerne désormais quelque 14,4 % des 20 900 pharmacies qui sont installées dans la République Fédérale. Selon le syndicat, 16 millions d’Allemands ont réalisé des achats de médicaments par ce biais en 2013 – soit 30 % de tous les possesseurs d’une ligne Internet – et les officines ont encaissé à ce titre 1,4 milliards d’euros, en hausse de 7 % sur l’année précédente, sur un chiffre d’affaires total de 45,5 milliards d’euros. Les officines de ventes à distance sont surtout focalisées sur les produits en vente libre et sans ordonnance (dits OTC) pour lesquels leur part de marché est de 12 % en 2013 et la croissance de leurs ventes de 7 %, entre 2012 et 2013. Dans les pharmacies en dur, ces mêmes produits n’ont vu leurs ventes augmenter que très faiblement en valeur (+ 1 %) et ont même diminué en volume (de -1 %). Reste cependant que toutes les officines de vente par correspondance n’ont pas le même dynamisme. Le BVDVA avance que seulement 5,4 % de celles qui sont déclarées pour avoir une présence autorisée sur Internet s’y développent activement. Rapportée à la totalité du chiffre d’affaires des officines, les ventes à distance ne pèsent cependant que 3 %, soit une toute petite part.
Peu de Français achètent en ligne[singlepic id=952 w=200 h=140 float=right]
De l’autre côté du Rhin, en France, où les officines peuvent vendre en ligne des médicaments sans prescription depuis le 1er janvier 2013, le tableau n’est pas le même. Un an après, seule une petite centaine d’officines, sur les quelques 22000 présentes en France, disposent d’un site de vente en ligne, et un peu plus de la moitié y vent effectivement des médicaments. Près de 3 500 familles de médicaments sont désormais autorisées à la vente en ligne, représentant ainsi plus de 10 000 médicaments.
Une récente étude de l’UPMC portant sur « la vente en ligne de médicaments», menée entre janvier et mars 2014 (1), s’efforce de mieux comprendre l’attitude des Français face à la vente en ligne de médicaments. 95 % des répondants déclarent s’être automédiqués au moins une fois dans l’année et plus des 2/3 le font régulièrement. Si le recours au pharmacien pour l’automédication est très courant, l’officine est choisie en priorité du fait de sa proximité. Par ailleurs, l’enquête révèle que si les 2/3 des répondants pensent que l’on peut acheter des médicaments en ligne, seulement 45 % pensent que cette pratique est légale. Enfin, seulement 3% des sondés ont déjà acheté un médicament en ligne et seulement 16% se sont déjà rendus sur des sites d’officine. Si les Français voient des avantages à acheter des médicaments sans prescription sur internet – pas besoin de se déplacer, des prix plus avantageux, un gain de temps – leur vision est obérée par des points négatifs – danger des contrefaçons, absence de conseil officinal, délai de livraison plus ou moins longs -. Par ailleurs, pour être crédible, le site de ventes à distance doit référencer des produits connus du grand public et il doit avant tout présenter l’adresse de l’officine qui se livre au commerce. Quant au pharmacien qui dispose d’un site, il est perçu, dans l’ordre décroissant, comme plus moderne, davantage commerçant, plus âpre à vouloir augmenter son CA, comme moins digne de confiance et enfin comme incitant plus à la consommation. Enfin, le pharmacien estime, pour sa part, que l’évolution vers les ventes de médicaments par correspondance est inévitable. « En bref, l’avenir ne semble pas aisé pour la vente en ligne de médicaments même si certains éléments portent à penser qu’il y des pistes de développement et qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur ce sujet », concluent les auteurs de l’étude.
Jean-Jacques Cristofari
(1) Ventes-en-ligne-Etude-UPMC[2]. 950 répondants dans le cadre du projet de recherche du Groupe d’Étude et de Recherche sur le Marketing Santé (GERMS) de l’UPMC. L’enquête qualitative a porté sur 35 pharmaciens et 65 consommateurs et la phase quantitative sur 772 consommateurs (65 % de femmes et 35 % d’hommes, 47,1 % résident dans des villes de plus de 100 000 habitants, 33 % dans des villes de 10 000 à 100 000 habitants).
Benchmark des sites Internet de ventes à distance français au 1er janvier 2014 :
1/4 des sites ne fonctionnent pas. Sur les 3/4 restant :
81 % proposent uniquement des médicaments et de la parapharmacie14 % proposent uniquement de la parapharmacie5 % proposent uniquement des médicaments
Source URL: https://pharmanalyses.fr/ventes-de-medicaments-par-internet-les-francais-a-la-traine/
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