by Jean Jacques Cristofari | 27 juin 2011 14 h 41 min
[singlepic id=240 w=320 h=240 float=left]Le marché pharmaceutique mondial devrait atteindre les 1000 milliards de dollars en 2013 et sa croissance se situer à un rythme annuel de 3 à 6 % d’ici 2015. Principal contributeur à cette progression mondiale, la Chine, qui sera en 2015 le 3ème marché, derrière les USA et le Japon, mais devant l’Allemagne et la France. Le générique voit son envolée se poursuivre avec une croissance en chiffre d’affaires 4 fois supérieure à celle de l’ensemble du marché mondial. Entre 2010 et 2014, le CA des spécialités princeps estimé à 165 milliards de dollars aura basculé dans l’escarcelle des génériqueurs avec un impact sur les portefeuilles des laboratoires estimé à environ 90 milliards de dollars d’ici 2014. Les big pharma ont d’ores et déjà pris la mesure de cette évolution en prenant pied dans les pays émergents – Chine en tête -, seuls véritables leviers pour leur développement à venir. IMS 360 analyse les grandes tendances en cours dans la pharma.
Dans le bal de la pharma mondiale, les produits princeps ne dominent plus le tempo. Désormais l’OTC (produits de libre accès en officine) et les génériques progressent à un rythme plus soutenu que les spécialités protégées par un brevet (princeps). Ainsi, ces derniers, depuis 2007, dépassent en terme de volumes vendus les produits princeps – à 587 milliards d’unités contre 443 – et la croissance de leur chiffre d’affaires est 4 fois supérieure à celle du marché global. Un marché mondial qu’IMS chiffre pour 2011 à 918,6 milliards de dollars (642 milliards d’euros) et projette pour 2015 à quelque 1 118 milliards de dollars (781,45 milliards d’euros). Ainsi année après année, faute d’une recherche pharmaceutique productive, le marché de la pharma se reconfigure dans sa composition comme dans son déploiement géographique.
Les BRIC tirent la croissance[singlepic id=242 w=320 h=240 float=right]
Les marchés dits « matures » sont désormais à la diète et, hormis le Japon, ils ne progresseront plus dans les années à venir qu’à un rythme compris entre 1 et 4 %. La France qui vit pour la 2ème année consécutive une croissance quasi nulle ne devrait pas faire mieux que les pays de sa zone, avec une croissance comprise entre 0 et 3 % par an jusqu’en 2015. A l’inverse, les pays émergents (Brésil, Russie, Inde et Chine, ou BRIC) voient leur marché respectif exploser, avec des croissances qui feraient rêver plus d’un laboratoire en Europe : la Chine progressera annuellement d’ici 2015 entre 19 et 22%, le Brésil entre 10 et 13 %, l’Inde entre 14 et 17 % et la Russie entre 11 et 14 %. Ces taux expliquent largement pourquoi les big pharma ont décidé ces derniers temps d’investir massivement dans les BRIC où se situent les marchés de demain, avec des populations encore largement sous le seuil d’une couverture minimale en santé et des systèmes de protection sanitaire également largement en construction. « D’ici 2015 la Chine remplacera les USA comme principal contributeur à la croissance mondiale, commente IMS lors de la présentation de son panorama de la pharma mondiale (1). En 2015, les USA domineront encore le marché mondial du médicament (30 %), mais les BRIC, avec 17 % de part de marché, devanceront notre vieille Europe (15 %) et le Japon (11 %). Le nouveau classement mondial imposera d’ici 2014 des décisions sur les investissements des multinationales, ajoute IMS.
[singlepic id=241 w=320 h=240 float=left]La Chine qui, du 5ème rang en 2009 remontera à la 3ème place en 2014, s’impose d’ores et déjà comme le futur eldorado de la pharmacie mondiale. Le temps des fabrications low cost de T-shirt devrait rapidement céder la place à celui de la production de spécialités pharmaceutiques bon marché (moins chers qu’en Europe), qui trouveront rapidement appui sur les montagnes de principes actifs pharmaceutiques (API) [1]pour lesquels l’Empire du Milieu s’est déjà imposé, avec l’Inde, comme le leader mondial des producteurs. Les big pharma qui se sont précipités en Chine de longue date (Sanofi figure parmi les précurseurs avec Bayer) ont compris que leur avenir se jouait pour l’essentiel en amont de la route de la soie.
La menace générique
En parallèle à cette redistribution géographique des cartes, les big pharma voient également leur portefeuille se recentrer sur un nombre réduit de molécules et d’aires thérapeutiques. Les produits de médecine générale sont désormais supplantés par les produits de spécialités (2). Au sein de ces derniers, l’oncologie tient le haut du pavé (12 % des ventes mondiales), devant le diabète (7 %), l’asthme et la BPCO (5 %), le cardiovasculaire (4 %) ou encore l’hypertension (4 %). L’oncologie et le diabète augmenteront leur part de marché (de 12 à 19%), note IMS. « Le cholestérol et les troubles gastro-intestinaux quitteront le Top-10 des aires thérapeutiques pour être remplacés par la douleur et par le VIH, caractérisés par des besoins insatisfaits, une érosion limitée, des innovations dans les pipelines. ». Mais la principale caractéristique se trouve du côté du glissement progressif des produits sous brevet dans le camp des génériques. « Les premiers produits mondiaux (Lipitor, Plavix, Seretide, Nexium et Seroquel) sont génériqués à court terme », précise IMS qui estime l’impact, sur le marché, des pertes de brevet dans les 5 ans à environ 90 milliards de dollars, pour 165 milliards de produits généricables (cf. ci dessous).
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Les génériques (107,5 milliards de dollars de ventes dans le monde) vont ainsi pour le proche avenir continuer leur irrésistible ascension. Aux USA, marché leader des produits génériques, qui pèse 41,7 milliards de dollars et représente 38,7 % des génériques vendus dans le monde, la croissance des produits copiés se poursuit à un rythme élevé (+ 17,1 % en 2010, selon IMS). 2ème marché, le Brésil (6,9 milliards de dollars, 6,4 % de part de marché) connaît une croissance encore plus forte, à + 27 %. La France (6 milliards de dollars de vente) est désormais au 4ème rang, derrière l’Allemagne (6,5 milliards de dollars) dont le marché du générique est en recul (-0,6 %), malgré – ou à cause – d’une politique de prix très active en la matière. L’Hexagone voit le marché des génériques poursuivre son expansion, son l’effet des pertes de brevet des grandes molécules phares précitées. Au total, la plupart des marchés, hormis ceux du Top 5 européen, s’attendent à une croissance rapide des génériques (voir ci après)
Génériques : les marchés leaders et leur part dans le monde
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La salut par les biotechs[singlepic id=243 w=320 h=240 float=right]
Dans ce contexte marqué par l’emprise croissance des génériques, les big pharma ont massivement investi dans les biotechnologies dont elles espèrent à l’avenir tirer l’essentiel de leurs revenus. « les biologiques maintiennent en 2010 une croissance supérieure à celle de l’industrie pharmaceutique », explique dans ce registre IMS. Une croissance qui s’établit l’an passé à légèrement plus de 8 % (contre + 4 % pour le marché global) pour des ventes estimées à 138,4 milliards de dollars. A lui seul, le Top 10 des big pharma investis dans les biotechs représente un montant de ventes de 94,6 milliards de dollars pour 68,6 % de part de marché. Cette course aux biotechs est rendue d’autant plus incontournable que les futures pépites de la pharma mondiale se trouvent dans leur portefeuille, alors même que les molécules chimiques classiques sont en passe d’être toutes génériquées. Au total, si elles veulent perdurer sur leur modèle traditionnel de création de valeur, les big pharma n’ont plus d’autres alternatives que de consolider leurs positions dans les BRIC, en particulier en Asie, et de chercher leurs molécules les plus porteuses dans les rangs des sociétés de biotechnologie, faute de les trouver dans leurs propres centres de recherche. Rapidement, les marchés dits « matures » pourraient, dans cette évolution, n’être plus que de simples comptoirs de ventes pour des produits fabriqués dans la lointaine Asie, grand gagnant des mutations en cours. La France, 1ère plateforme européenne de fabrication du médicament, est désormais clairement menacée.
Jean-Jacques Cristofari
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(1) « Le Marché Pharmaceutique dans le Monde et en France : Bilan 2010 et Perspective », Intelligence.360, juin 2011.
(2) En 2010, 8 produits de médecine générale (primary care) ont été lancé au plan mondial, contre 13 de spécialités. Ils étaient respectivement au nombre de 21 et de 13 en 2009 et de 13 et 12 en 2008.
Biotechs et biologiques : un marché très concentré
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Source URL: https://pharmanalyses.fr/pharma-mondiale-le-salut-des-big-pharma-passe-par-lasie/
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