MG France persiste et signe son projet de santé

by Jean Jacques Cristofari | 5 juin 2019 16 h 10 min

Le principal syndicat de médecin généraliste a tenu fin mai son congrès à la Grande Motte, volontairement placé sous le thème des mutations engagée par la profession sur le terrain des soins primaires. MG France a confirmé son intention de consolider la place des médecins généralistes traitants dans la réforme du système de santé en débat au parlement.

Quelque 400 généralistes venus de la France entière se sont retrouvés du 30 mai au 2 juin au Palais des Congrès de la cité balnéaire de la Grande Motte pour leur 8è Congrès national. En toile de fond des travaux qui ont émaillé ces journées, la place des acteurs de soins du premier recours dans un système de santé en pleine crise démographique où l’accès aux soins est complexifié du fait du vieillissement de la population et de l’explosion des maladies chroniques. « Parce qu’ils constituent la pierre angulaire des systèmes de santé et un prérequis au développement socio-économique des populations, les soins de santé primaires représentent la réponse la plus globale aux inégalités de santé« , a souligné le président de MG France en introduction à la rencontre.


« L’exercice libéral doit retrouver son attractivité perdue » a fait savoir Jacques Battistoni

Dans à un paysage sanitaire qui s’est profondément modifié au fil des décennies, l’attitude des acteurs des soins primaires est loin d’être homogène, a ainsi souligné Jacques Battistoni.  » Il y a ceux qui veulent un système de santé organisé. Et ceux qui n’en veulent pas. Il y a ceux qui croient qu’un système organisé est plus juste et plus équitable, et qu’il doit reposer sur un financement socialisé, apportant à chacun selon ses besoins. Et ceux qui rêvent d’un système dérégulé offrant des perspectives de développement économique et de profits. Il y a ceux qui croient que le médecin traitant, le parcours de soins et les niveaux de recours aux soins sont les piliers d’un système de soins organisé. Et enfin, il y a ceux qui croient que l’accès aux soins, c’est un marché de services numériques partout et tout le temps. »

Dans cette véritable tour de Babel de la santé, toutes les dérives sont donc possibles et, à l’instar, des obligations faites au maisons ou pôles de santé, le syndicat des généralistes entend avancer son propre « projet de santé ».
Un projet qui sera porté par le médecin généraliste, « médecin de pratique avancée » disposant de toutes les ressources des technologies de l’information, de la communication et de l’intelligence artificielle. Pour remplir sa fonction, le médecin traitant doit pouvoir bénéficier d’une équipe d’appui composée d’une infirmière de santé publique et peut-être demain d’un assistant médical. Enfin, son exercice s’inscrira dans une gradation des soins qui reposera sur un partage bien établi des missions de chacun : aux uns, la première ligne ambulatoire, qui assure des soins de santé primaires à la population, en secteur rural comme dans les métropoles. Aux autres, les soins secondaires ou tertiaires, avec au besoin un exercice partagé entre secteur ambulatoire et établissements de santé. Le tout sera déployé sur les territoires où la coopération entre acteurs et la coordination sera la règle.

« L’exercice coordonné est notre avenir professionnel. Mais c’est un avenir qui ne doit laisser personne au bord du chemin, a précisé Jacques Battistoni à l’attention de la ministre de la Santé, présente pour la circonstance. Tous les médecins généralistes participant à l’offre de soins sont appelés à travailler en coordination, même quand ils exercent seuls. » Reste que les belles constructions confirmées dans le projet de loi « Ma Santé 2022 » soufrent de deux manques : un plan d’action et un investissement conséquent en faveur des soins primaires, que le syndicat appelle de ses voeux depuis 2016, sans réel succès.

Agnès Buzyn, ministre de la Santé

« L’accès de tous aux soins est ce qui m’anime, a répondu Agnès Buzyn à l’adresse des généralistes présents au Congrès. C’est la clé de voute de la transformation globale du système de santé que j’ai engagée« . La ministre de la Santé a longuement expliqué sa « méthode » – faire confiance aux acteurs de terrain-, rappelé combien les généralistes sont des « acteurs clés », en 1ere ligne face au vieillissement et à la perte d’autonomie, qu’ils se situent « au centre du bouleversement de cet exercice collectif qui est un peu la colonne vertébrale de la transformation du système de santé.  »
Elle a également souligné que la future loi devait donner « la priorité au renforcement des soins primaires et au renforcement de la médecin générale ».

Avenir incertain

Mais les déclarations d’amour de la ministre pour la médecine générale et ses acteurs n’ont pas été suivis de preuves d’amour. En un mot, il appartiendra aux partenaires conventionnels – Assurance-maladie et syndicats médicaux – de s’accorder sur les financements des futurs dispositifs qui accompagneront la réforme de la santé (CPTS et assistants médicaux notamment). Pour ce qui est des autres demandes, dont une revalorisation conséquente de la visite à domicile, souhaitée par MG France, Agnès Buzyn aura tranché : l’ONDAM est contraint et la marge de manoeuvre est …nulle. Le sujet devra être abordé dans la convention, l’Etat n’investira pas sur ce point particulier.

« Ce congrès restera celui de l’ouverture vers un avenir encore incertain, a indiqué Jacques Battistoni en clôture du congrès. Mais un avenir où les médecins généralistes auront plus que jamais une place centrale dans le système de santé« , a-t-il aussitôt ajouté.  » Nous allons poursuivre ce mouvement dans un retour vers le terrain« . Aucune réforme ne se fera sans les généralistes. Le message de MG France à la ministre de la Santé a été on ne peut plus clair.

Jean-Jacques Cristofari

« Il faut prolonger dans la prochaine convention la recherche d’équité entre spécialités médicales, afin d’assurer durablement l’attractivité de notre métier » a indiqué Jacques Battistoni à la ministre de la Santé


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