by Jean Jacques Cristofari | 12 décembre 2013 0 h 29 min
[singlepic id=856 w=320 h=240 float=left]L’hiver 2013-2014 risque d’être particulièrement rigoureux pour les acteurs de la chaîne du médicament. Avec un recul du marché du médicament de -4,1 % en novembre, selon le GERS et une chute de 3,2 % sur un an, l’emploi pourrait en pâtir dans les rangs des industriels du médicament et mettre un peu plus à mal les officines. Le relais à celle chute est faiblement assuré par l’hôpital, qui semble toutefois également mettre ses pharmacies centrales au ralenti.
Pas de surprise dans les derniers résultats communiqués par le GERS (1) sur l’évolution du marché français du médicament. La tendance est résolument à la baisse, pour ne pas dire à la récession, dans les rangs de la pharma française, ce depuis bientôt deux ans. L’année 2013 pourrait donc finir comme elle a commencé, dans le rouge, avec une chute supérieure à -3 % qui ne fera l’affaire de personne sur la chaîne des acteurs du médicament.
Dans la répartition du marché total, estimé à fin novembre sur les 12 mois écoulés à 20,379 milliards d’euros (en prix fabricant HT), la part qui revient aux prescriptions des médecins recule de – 3,6 % %, à 17,065 milliards d’euros, tandis que celle des achats de produits dits de « prescription médicale facultative » connait un moindre recul, de -1,4 %, à 3,053 milliards d’euros. En termes d’unités vendues, le marché officinal recule au total de 1,2 %, fin novembre sur les 12 mois écoulés.
L’hôpital désormais ne progresse plus non plus : les ventes qui y sont réalisées reculent sur 12 mois de -1,6 %, à 3,694 milliards d’euros. Seuls les médicaments facturés en sus du forfait hospitalier continuent de progresser (+4,1 %), à 2,819 milliards d’euros, tandis que ceux qui sont délivrés en double circuit (VIH, hépatite virale et certains cancéreux) connaissent la plus forte chute, à -16,3 %, pour atteindre 875 millions d’euros sur 12 mois.
[singlepic id=857 w=280 h=180 float=left]En aval du marché, dans le réseau officinal, le salut ne passera pas, comme certains ont pu le croire jusqu’à une date récente, par l’automédication. Les « ventes non remboursables » enregistrent même fin novembre sur 12 mois un recul de 0,2 % en volume et – 0,9 % en valeur, à 1,538 milliards d’euros. La récente décision de l’Autorité de la Concurrence d’ouvrir le marché de l’automédication aux grandes surfaces – rejetée tant par l’Ordre des pharmaciens que par la ministre de la Santé – contribue à brouiller les règles du jeu sur ce marché très convoité.
L’hiver promet également d’être difficile pour les pharmaciens qui négocient pour l’heure les conditions du renouveau de leur modèle économique, sans réellement décrocher la timbale de leurs espérances : un honoraire de dispensation, même si celui-ci sera échangé pour une baisse des marges dans l’une ou l’autre des trois tranches qui, pour l’heure, assurent encore leur ordinaire. Enfin, les ventes de génériques sont également enregistrées à la baisse (-3,2 %) et atteignent selon le GERS quelque 18,416 milliards d’euros en prix fabricant hors taxe à fin novembre et sur 12 mois. En nombre d’unités vendues, les ventes des génériques ne progressent plus depuis janvier et reculent de – 0,5 % sur un an.
Mi-décembre, parmi les officinaux en négociation avec l’assurance-maladie, l’USPO, outre la signature rapide d’un nouvel avenant sur les génériques pour 2014, a obtenu que les conditions d’application de l’article 49 du PLFSS 2014 (remises sur les génériques) soient arbitrées avant toute signature d’un avenant conventionnel sur la rémunération. « Le gouvernement doit maintenant prendre une décision sur l’arrêté ministériel fixant le taux maximum de remise sur les génériques », avance l’USPO le 20 décembre, en demandant que ce taux soit proche du plafond de 50 %. Quant à la taxe de 20 % sur les achats directs des officinaux aux laboratoires, instaurée par la loi de financement de la Sécu pour 2014 – récemment estimée conforme à la Constitution par le Conseil d’Etat -, son application aura pour conséquence des pertes de chiffre d’affaires que les syndicats d’officinaux estiment largement à plus de 25 millions d’euros, un chiffre avancé par les grossistes-répartiteurs. Reste cependant encore à régler la question de l’honoraire de dispensation, demandé par les pharmaciens en vue de compenser leurs pertes de marges (qui se succèdent depuis des années), l’objectif poursuivi étant d’aménager la marge dégressive lissée des pharmaciens selon des paramètres à définir.
Au total, ce mouvement général de baisse des ventes s’accompagnera également l’an prochain de baisses de prix[1], inscrites dans la loi de financement de la Sécu pour 2014 pour un montant de 970 millions d’euros. Autant dire que la branche, qui a déjà mangé son pain blanc, fait désormais la soupe à la grimace, agrémentée par le niveau exceptionnellement élevé de la fiscalité générale et sectorielle de la France, selon la récente étude publiée par le LEEM.[2] « Dans un contexte économique déjà très dégradé pour nos entreprises, avec une récession historique de notre chiffre d’affaires en France, il est urgent d’engager enfin un chantier d’allègement et de simplification de la fiscalité », plaide le nouveau patron du LEEM, Patrick Errard. 2014 avec ses échéances électorales, notamment européenne, dira s’il a des chances d’être entendu.
Jean-Jacques Cristofari
(1) Le Marché pharmaceutique France, Points clés, novembre 2013
Source URL: https://pharmanalyses.fr/coup-de-froid-sur-la-pharma/
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