Disparition d’un fin connaisseur de la Pharma

by Jean Jacques Cristofari | 11 avril 2020 10 h 01 min

L’économiste de la santé, Claude Lepen est mort le 6 avril, à l’âge de 72 ans d’un cancer. Ce professeur agrégé en sciences économiques a fait l’essentiel de sa carrière à l’université Paris- Dauphine où il a dirigé le master d’économie et de gestion de la santé pendant 30 ans. Il a également été un fin connaisseur des industries de la santé, dont l’industrie du médicament, pour laquelle il établissait de longue date le tableau de bord des résultats, dans une lettre mensuelle (1) diffusée par le groupe américain IQVIA, anciennement IMS.

Dans la dernière production de son analyse mensuelle du marché du médicament, Claude Lepen écrivait : « L’épidémie [du coronavirus] a frappé de l’extérieur un hôpital public alors que celui-ci faisait face à la profonde crise que l’on sait : grève des urgences, manifestation monstre des personnels soignants le 14 novembre 2019 – quelques semaines à peine avant les premiers cas de COVID19 – démission collective des chefs de pôle et de services de leur responsabilités administratives, protestation générale contre les restrictions budgétaires, la faiblesse des salaires, les fermetures de lits, etc. Le Monde du 16 décembre 2019 citait en titre un responsable hospitalier : « on arrive à un niveau de rupture ». Un mois plus tard le coronavirus frappait ! Et le système hospitalier public a encaissé le choc. Il a su outrepasser son niveau de rupture. Le système ne s’est pas effondré, et au prix d’efforts considérables, il a fait face et accueilli sans restriction des patients infectés présentant des syndromes respiratoires aigus qui sont très exigeants en termes de soins, de matériel, de locaux, de personnels. Nul doute que cette remarquable résilience hospitalière se reflétera dans les arbitrages budgétaires futurs.« 

L’histoire nous dira prochainement si les arbitrages à venir joueront en faveur du monde hospitalier. Pour l’heure, la France est en prise, comme le reste du monde avec une crise sanitaire sans précédent dans son histoire. Le 30 mars dernier, Claude Lepen s’exprimait dans le Monde sur cette pandémie en revenant sur les dispositifs mis en place en 2007.

J’ai croisé Claude Le Pen à maintes reprises dans ma vie professionnelle. Derrière l’économiste, parfois un peu brouillon dans ses explications orales, l’homme était attachant. Toujours souriant, convivial, prêt à répondre aux sollicitations des étudiants comme des journalistes, il aura marqué son époque : celle d’un lobbying intense en faveur d’une industrie, qui parfois a failli dans sa mission, mais que Claude Le Pen a toujours considéré comme une branche importante pour notre pays. Il est toujours resté loin des polémiques faites à ce secteur d’activité, leur préférant la finesse de ses analyses conjoncturelles et le décryptage au long cours de la stratégie de ses acteurs.

Je vous invite à lire le portrait très complet que dresse de lui le Collège des Économistes de la santé, dont Claude Le Pen était membre.

J-J Cristofari

(1)

Source URL: http://pharmanalyses.fr/disparition-de-claude-lepen/