by Jean Jacques Cristofari | 16 avril 2020 15 h 53 min
Les pharmaciens d’officine sont « en première ligne » pour répondre aux défis posés par la crise pandémique du coronavirus. La fréquentation des officines a été multipliée par deux depuis le début de la crise et elles sont plus que jamais sollicitée pour l’obtention de masques. Un expert des enquêtes en officines a mené une première étude qualitative auprès des titulaires d’officines pour connaître leur vécu et regard sur l’épidémie en France. Ordre et syndicats de pharmaciens s’expriment sur la gestion de la crise.
Plus de la moitié des pharmaciens d’officine (56 %) se disent inquiets de la situation par rapport à la propagation du virus. En première ligne face à des patients parfois agressifs, ils estiment à 97 % avoir subi la pénurie de masques, qu’ils n’ont pas été en mesure de gérer, le monopole de cette gestion étant demeuré sous l’autorité des Agences régionales de santé. Pour autant, malgré cette situation tendue, 87 % des officinaux ont continué leur exercice au comptoir où ils ont continué à servir les patients en donnant des explications et en les rassurant dans la mesure du possible. C’est ce qui ressort d’une récente enquête (1) diligentée par la société Pharmed’Insight, dirigée par Antoine Laurent, qui s’affiche comme « le 1er réseau de pharmaciens investigateurs avec 15 500 officines partenaires en France« . « Cette enquête recueille le ressenti des professionnels des pharmacies, leurs points de vue et leurs suggestions pour mieux faire face. Nous partageons les résultats pour participer à faire entendre la voix des pharmaciens », souligne dans ce cadre le pdg de l’entreprise.
Des mesures suffisantes
Au regard des mesures prises par le gouvernement pour gérer la crise sanitaire, à peine plus que la moitié (53 %) des officinaux estiment que ces mesures ont été suffisantes. Mais seulement la moitié d’entre eux confie avoir pris connaissance du texte du décret de janvier (2) et de sa mise à jour en mars. Par ailleurs, 61 % estiment que la communication envers les professionnels de santé est suffisamment détaillée et à jour au regard de l’avancement de la propagation. enfin les deux tiers des pharmacients (68 %) ont le sentiment d’être bien informés par le gouvernement et le
ministère des Solidarités et de la Santé, même si seulement 51 % d’entre eux disent ne pas avoir été suffisamment impliqués malgré ce sentiment
d’avoir avoir été correctement informés. Au regard des relations entretenues avec les médecins généralistes traitant de leur territoire, les pharmaciens regrettent à 59 % ne pas travailler en collaboration plus étroites avec ces médecins.
Enfin, sur les actions à mettre en place en urgence pour prévenir la propagation du Covid-19, les officinaux avancent une meilleur respect du confinement et un équipement du personnel des pharmacies en matériel de protection, toutes choses qui ont progressé depuis la date de l’enquête. Ils regrettent cependant le manque de reconnaissance de la part du gouvernement des pharmaciens et préparateurs comme profession de
santé et déplorent l’absence de mesures et recommandations spécifiques pour les officines
L’Ordre et les syndicats de pharmaciens veulent des règles claires
« En tant que pharmacien d’officine, il est frustrant de ne pas pouvoir offrir une protection tant réclamée à la population« , souligne le 16 avril l’Ordre des pharmaciens, qui rappelle que la pénurie de masques affecte encore nombre de soignants et de personnels aidants confrontés en première ligne au Covid-19. « Les masques obtenus gratuitement doivent donc être distribués en intégralité aux soignants qui, une fois leur propre protection assurée, pourront les remettre eux-mêmes aux personnes fragiles ou
atteintes par le virus« , ajoute l’Ordre dans un communiqué signé conjointement avec les syndicats de pharmaciens (USPO et FSPF). Ces derniers en appellent à une mobilisation à tous les niveaux pour améliorer la quantité et la répartition de l’approvisionnement sur tout le territoire. « La profession a également demandé la possibilité de distribuer des masques non sanitaires normés, notamment dans la perspective de la sortie du confinement. Il pourra s’agir d’une réponse apportée par les pharmacies d’officine, en complément du respect des gestes barrières« , concluent les pharmaciens.
J-J Cristofari
(1) Etude réalisée sur la période du 12 au 17 mars 2020, via une questionnaire de 38 questions administré sur la plateforme
on-line de PharmedInsight. réparties sur l’ensemble du territoire France métropolitaine. Toutes tranches d’âges, typologies (zone de chalandise,
surface de vente, nombre de patients/jour).
Accédez à l’étude complète
(2) Décret n° 2020-73 du 31 janvier 2020 portant adoption de conditions adaptées pour le bénéfice des prestations en espèces pour les personnes exposées au coronavirus. Ce décret détermine les conditions dérogatoires d’octroi des prestations en espèces maladie délivrées par les régimes d’assurance-maladie pour les personnes faisant l’objet d’une mesure d’isolement du fait d’avoir été en contact avec une personne malade du coronavirus ou d’avoir séjourné dans une zone concernée par un foyer épidémique de ce même virus et dans des conditions d’exposition de nature à transmettre cette maladie
Source URL: http://pharmanalyses.fr/covid-19-la-crise-pandemique-vue-par-les-officines-de-ville/
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