by Jean Jacques Cristofari | 14 janvier 2013 17 h 54 min
Malgré les efforts réguliers engagés par les industriels du médicament, en particulier par les big pharma, pour redresser une image qui n’est pas toujours bonne dans les rangs du grand public, leur réputation globale est à la baisse : seulement 34 % des groupes de patients ayant répondu à une enquête mondiale menée en fin 2012 considèrent que les compagnies multinationales de la pharmacie ont une « excellente » ou « bonne » réputation. Comparé aux 42 % enregistré sur les mêmes points de vue en 2011, la baisse enregistrée est de 8 % en un an.
Les temps sont décidément difficiles pour les laboratoires pharmaceutiques et la récente affaire qui vient d’éclater autour des contraceptifs oraux de 3ème génération ne devrait pas leur faciliter la tâche. Plus largement, entre novembre et décembre 2012, 600 groupes de patients consultés à travers le monde ont fait part de la manière dont ils jugeaient la réputation de la branche pharmaceutique en général et celle de 29 firmes pharmaceutiques leaders en particulier, ce sur la base de 6 indicateurs (voir plus bas). 72 % des réponses émanent d’organisations de patients basées en Europe (19 % aux Etats-Unis) et les résultats enregistrés par PatientView (1) placent les multinationales du médicament à la 6ème place parmi les 7 industries et secteurs de la santé analysés par les patients pour juger leur réputation. Seuls les assureurs du secteur privé de la santé ont enregistré un plus mauvais score que celui des laboratoires, avec seulement 24 % des groupes de patients considérant que ces assureurs, parties prenantes de la santé, avaient une « excellente » ou « bonne » réputation, tandis que la branche pharmaceutique enregistrait sur le même registre 34 %. Numéro 1 pour leur bonne réputation aux yeux des patients, les pharmaciens d’officines atteignent un score de 62 % d' »excellente » ou de « bonnes » opinions. A l’évidence, le service de proximité rendu par les officinaux de tous les pays trouve ici une juste reconnaissance.
Une mauvaise gestion des nouvelles défavorables
Reste qu’en 2012, selon l’étude précitée, les patients ont, à 40 %, répondu que la réputation de la pharma avait bel et bien décliné, seulement 21 % des groupes ayant confié qu’elle s’était améliorée. Pour expliquer cette performance, les répondants ont avancé plusieurs explications : au premier rang, ils font valoir « l’absence de politiques de prix équitable » des laboratoires, sur lesquelles la moitié des patients interrogés estime que l’industrie a eu un « mauvais » dossier en 2012. La 2ème explication du déclin de la réputation des laboratoires tient au peu de transparence de la branche sur toutes ses activités corporate. Ici ce sont 48 % des patients qui considèrent que le dossier était faible l’an passé. Vient ensuite « la gestion des nouvelles défavorables sur leurs spécialités », également jugée faible par 37 % des interrogés (en baisse de 29 % par rapport à 2011). Enfin, 33 % des répondants estiment que les laboratoires ont une stratégie « centrée patients » trop faible, 32 % considérant par ailleurs que l’industrie n’agit pas avec assez d’intégrité.
Lundbeck primé par les patients du monde entier
Selon les auteurs de l’étude, plusieurs facteurs expliquent pourquoi l’industrie du médicament a vu sa réputation baisser en 2012. Parmi ces derniers figurent l’échec manifesté à aider les patients à court d’argent du Sud de l’Europe (comme la Grèce, le Portugal, la Roumanie et l’Espagne) dans leur accès aux médicaments. Le manque d’effort déployé pour trouver de nouvelles entités chimiques appropriées aux besoins des patients a également joué un rôle. De même, la « commercialisation inappropriée de médicaments » (dont ceux concernés par les indications hors AMM) ou encore le manque de transparence dont peut faire part l’industrie, « en particulier dans les rapports publiés sur les résultats décevants des essais cliniques. » At last but nos least, la question des « prix des médicaments, inabordables pour de nombreux patients ou leurs organismes payeurs », a également été soulignée, sujet « aboutissant à l’impression générale que le profit passe avant l’intention d’améliorer l’état de bien-être des gens. »
[singlepic id=643 w=320 h=240 float=left]Ce baromètre général de la réputation des entreprises du médicament a par ailleurs été assorti d’un classement du Top 10 des laboratoires au sommet duquel figure la société Lundbeck, (primée pour la qualité de son information à destination des patients), suivie par ordre de rang décroissant de : Gilead Sciences (primé pour la qualité de ses produits et de son portefeuille de recherche), Novartis, Janssen, Pfizer, Abbott, Novo Nordisk, Roche, Lilly et enfin GSK. Notre champion national, le groupe Sanofi est absent de ce premier classement et ne ressort qu’en 20ème position pour la qualité de sa stratégie envers les patients, suivie par Servier, 21ème. Rendez-vous en 2013 pour savoir comment les industriels du médicament seront alors jugés par les patients !
Jean-Jacques Cristofari
(1) « The Corporate reputation of Pharma – the Patient Perspective », publié le 14 janvier 2013 par PatientView[1]
Les sociétés pharmaceutiques examinées par le panel des patients :
Abbott – Allergan -Amgen – AstraZeneca – Baxter International – Bayer – Biogen Idec – Boehringer Ingelheim – Bristol-Myers Squibb – Celgene – Eli Lilly (Lilly) – Gilead Sciences – GlaxoSmithKline (GSK) – Janssen – Lundbeck – Menarini – Merck & Co (USA) – Merck Group (Allemagne) – Novartis – Novo Nordisk – Pfizer – Roche – Sanofi – Servier – Shire – Stada Arzneimittel – Takeda – Teva – UCB.
Classement des laboratoires en fonction des six indicateurs retenus par l’enquête :
Source URL: http://pharmanalyses.fr/big-pharma-une-reputation-en-chute-libre/
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